Le Voyage de Chihiro, la société dépeinte selon Miyazaki
A travers cette balade dans le monde des esprits, le réalisateur japonais porte un regard critique sur notre monde actuel.
Par Angelo Simoes
Sorti le 20 Juillet 2001 au Japon et officiellement le 10 Avril 2002 en France. Durant ce film d’animation japonais du studio Ghibli, le célèbre réalisateur Hayao Miyazaki nous transporte pendant 124 minutes dans un monde onirique mêlant critique de la société et passage d’enfant à l’âge adulte à travers le personnage principal Chihiro. Commençons par un bref synopsis du film pour se rafraîchir les idées ou pour les personnes n’ayant pas vu ce célèbre film issu de la japanimation. Au début nous suivons la petite Chihiro et ses parents se rendant dans leur nouvelle maison suite à un déménagement. En se perdant pendant le trajet, ils se retrouvent devant un étrange tunnel qu’ils décident de traverser. Pensant arriver dans une prairie avec un parc d’attraction abandonné, c’est alors que les parents repèrent une échoppe sans surveillance avec de la nourriture à foison, c’est tout naturellement qu’ils décident de se servir sans permission. C’est cette même nourriture qui va les transformer en porcs sous les yeux impuissants de la petite Chihiro. C’est en essayant de s’enfuir en croyant qu’elle ne vivait qu’un mauvais rêve qu’elle rencontrera un jeune garçon du nom de Haku qui lui expliquera qu’elle est bloquée dans le monde des esprits.
Le parallèle avec notre réalité
Hayao Miyazaki nous offre plusieurs niveaux de lecture du simple dessin animé pour enfant où l’on suit l’aventure d’une fillette dans un monde féérique et étrange au film d’animation faisant la métaphore de la société actuelle. Durant le film Chihiro se retrouve à devoir travailler pour une sorcière avide d’argent du nom de Yubaba qui est la propriétaire d’un établissement de bain public. Au sein de cet établissement Miyazaki dresse le portrait du monde du travail notamment japonais et son aliénation en mettant en scène des personnages à la limite de l’esclavage. Chihiro se retrouve à devoir faire face à la réalité du monde dans lequel elle vit ainsi que les problèmes rencontrés par les adultes, chose qui est compliqué pour une jeune enfant de 10 ans mais c’est avec courage, détermination et en assumant ses responsabilités qu’elle va réussir à en sortir grandi tout comme le téléspectateur. Autre sujet mis sur la table durant ce film c’est la consommation et surtout l’excès. Représenter en premier par les parents de Chihiro se transformant en cochons après avoir englouti en énorme quantité de la nourriture ne leur étant pas destiné et ensuite par l’introduction d’un personnage appelé “sans-visage” symbole de l’hyperconsommation par son appétit sans limite mais sans réel besoin. Malheureusement il sera confronté à notre protagoniste qui restera de marbre face à lui malgré toutes les richesses qu’il possède.
A la fin de ce récit, la persévérance de Chihiro lui permettra de rentrer chez elle avec ses parents sains et saufs et amnésique de ce qui vient de se passer laissant penser que tout cela n’était qu' imagination.
Miyazaki, pilier de l’animation japonaise
Co-fondateur du célèbre Studio Ghibli avec son pair Isao Takahata en 1985, il saura tout le long de sa filmographie à travers des histoires dans des mondes fantastiques ou non nous racontés et mettre en avant des thèmes qui lui sont cher comme le pacifisme, l’avidité de l’Humain, l’écologisme et autres problèmes sociétales. Revenons ensemble sur ses créations.